Tribune : La transition écologique ne se fera pas sans les femmes
Publié le 15 March 2023

“La transition écologique ne se fera pas sans les femmes !”. Dans cette tribune diffusée le 8 mars, on vous explique quels liens existent entre genre et climat. Pourquoi il n’y a pas de transition écologique, sans égalité entre les femmes et les hommes. Merci au média DestiMed pour son relais.

La façon dont la société s’est organisée depuis la révolution agricole, il y a près de 10 000 ans, et les évolutions des systèmes de production liés à la consommation de masse ont entraîné un déséquilibre entre l’Humain et la Nature qui nous conduit vers une sixième extinction de masse de la Biodiversité. Ces dernières années, la fortune des 10 hommes les plus riches du monde a doublé, alors que les revenus de 99% de la population ont baissé. Ces deux facteurs : perte de biodiversité et montée des inégalités créent les conditions d’ un monde instable. Les situations ne sont pas simplement difficiles à anticiper, mais deviennent imprévisibles.

Mais de l’espoir naît la résistance. Quand un milieu naturel est diversifié, il est résilient et performant, grâce à l’entraide et la coopération. Les êtres humains recèlent ce potentiel, cette capacité d’intelligence collective, clé fondamentale de la survie même de notre espèce. La diversité entre les femmes et les hommes est donc un atout essentiel pour augmenter la performance des organisations ! La diversité doit aussi devenir l’atout numéro un pour trouver des solutions durables et justes dans un monde en transition en restant sous le plafond environnemental défini par les limites planétaires, tout en assurant un plancher social pour tous (Donut Theory, Kate Raworth 2018).

En 1991, un cyclone fait 140 000 victimes dont 90% de femmes au Bangladesh. C’est une des formes de la vulnérabilité des femmes concernant les bouleversements climatiques. Idem aux États-Unis après l’ouragan Katrina de 2005. Anne-Cécile Mailfert, présidente et fondatrice de la Fondation des Femmes, résumait la situation avec une formule choc, « La maison brûle, les femmes sont à l’intérieur et les décideurs regardent ailleurs ».

La vulnérabilité des femmes aux changements climatiques résulte de plusieurs facteurs sociaux, économiques et culturels qui se dévoilent à travers quelques chiffres : sur le 1,3 milliard de personnes vivant dans des conditions de pauvreté, 70% sont des femmes ; dans les régions urbaines, 40% des ménages les plus pauvres ont une femme pour cheffe de famille. Alors que les femmes jouent un rôle clé dans la production alimentaire mondiale (50 à 80%), elles détiennent moins de 10% des terres. Par extension, elles sont plus exposées aux catastrophes climatiques.

Amandine Cassi

Selon les Nations Unies, ainsi que dans les mouvements écoféministes, les problématiques de genre et de développement durable sont intrinsèquement liées. Au sein de notre mouvement Earthship Sisters, nous avons la conviction qu’il est nécessaire d’agir, d’accompagner, de soutenir les femmes qui souhaitent se lancer, se révéler. 85 % des métiers du futur n’existent pas encore, ne restez pas seules ! C’est en se nourrissant de la sororité, en prenant connaissance et confiance en ses forces et en osant devenir un rôle modèle et une source d’inspiration pour les autres que nous créons les conditions de la diversité. À travers le levier de l’entrepreneuriat ou de l’intrapreneuriat à impact, ouvrons des horizons économiques tout en apportant des solutions aux problématiques d’aujourd’hui.

L’entrepreneuriat et le développement du leadership au féminin sont des solutions pérennes pour transformer le travail et les organisations de l’intérieur. Certaines études montrent que le leadership féminin serait caractérisé par une vision de long terme, une écoute des émotions, une moindre influence de la recherche de pouvoir et d’argent. D’autres montrent que les instances décisionnelles qui associent les femmes, gèrent mieux les crises que nous traversons en faisant davantage preuve d’inventivité et d’authenticité.

Serait-ce la clé pour répondre aux enjeux d’un monde durable, et devenir des armes de reconstruction massives ? Les crises récentes et actuelles, le développement de mouvements éco-citoyens, l’engagement dans les carrières de l’économie Sociale et Solidaire (ou les femmes représentent 68% des salariés), les études sociologiques en Europe notamment montrent que les femmes seraient davantage en capacité de réduire leur empreinte écologique et de modifier leurs comportements en ce sens. L’étape suivante réside dans la capacité à inciter d’autres acteurs de la société à faire de même.

Les solutions aujourd’hui mises en place pour la protection de l’environnement malgré les rapports du GIEC, du WWF, de l’IPBES, de l’ONU qui s’accumulent sont insuffisantes. Elles cherchent à traiter les conséquences du problème de dégradation de l’environnement comme si nous essuyons la suie sur les fenêtres de notre maison en feu ! C’est en révélant des femmes leaders environnementales et en s’attaquant aux causes racines du problème, au carburant qui attise le feu, que nous pourrons y parvenir à temps.

 

Le mouvement Earthship Sisters

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