Le monde de l’entreprise a énormément évolué ces dernières années, faisant place à une grande flexibilité et en mettant le bien-être des collaborateur·rices au centre des préoccupations. Amandine Cassi, Sister de la promo 3, a longtemps travaillé dans l’événementiel BtoB international dans le secteur de l’audiovisuel. Aujourd’hui pour être alignée avec ses valeurs – la joie, l’engagement et la collaboration, elle a créé sa société Bliss’in qui propose des séjours d’équipe dans des espaces bleus et autour des bienfaits de l’eau. Amandine analyse les changements sociaux, décrypte notre rapport au travail et parle de son aventure entrepreneuriale.
Notre rapport au travail a évolué ces dernières années. Quels constats fais-tu ?
Aujourd’hui il y a 67%* des travailleurs internationaux qui sont concernés par le stress au travail. Une étude gallup dit qu’il y a que 21% des salariés qui se déclarent engagés, c’est-à-dire qu’ils sont bien dans leur travail. Le coût de ce désengagement selon une autre étude* est évalué en 2022 à plus de 10 000€ par an et par collaborateur·rice ! Au-delà de ça, l’attente des salarié·es a largement évolué ces derniers temps. Il y a une quête de sens important, l’envie d’être en adéquation avec ses propres valeurs, et cette recherche d’équilibre entre la vie pro et la vie perso. On entend beaucoup parler de personnes qui démissionnent ou qui font le strict minimum car elles ne se sentent pas impliquées dans la vie de l’entreprise. On parle de « future of work » mais en réalité le futur c’est maintenant.
Or on ne peut pas revenir en arrière, la flexibilité d’entreprise avec la nouvelle génération est un enjeu énorme de compétitivité pour les entreprises, pour attirer, retenir et engager les talents. On parle de flexibilité, donc de travail à distance. C’est super, ça crée l’opportunité de pouvoir vivre loin de son lieu de travail mais cela peut aussi créer un sentiment de solitude pour certains. Cette flexibilité crée aussi des rythmes différents. Il y a donc un besoin pour les entreprises de pouvoir réunir régulièrement les collaborateur·rices, pour recréer du lien social, pour pouvoir faire de l’intelligence collective, pour construire une culture forte d’entreprise. Il faut donc créer des moments différents, où l’on fera tout sauf travailler derrière un écran.
C’est à partir de cette analyse que tu as créé Bliss’in ?
J’ai créé Bliss’in pour insuffler de la joie, du bien-être et de l’engagement dans l’expérience travail. Concrètement Bliss’in organise des séjours d’équipes, des offsites, de 3 jours en moyenne, dans des espaces bleus, en France. Assez vite j’aimerais me développer en Europe dans les pays limitrophes. Il s’agit de lieux premium qui permettent d’avoir des espaces de travail mais avec des journées qui sont rythmées par des expériences bien être et sportives autour de l’eau. Ça peut aller du moins intense, une balade ou de la méditation au bord de l’eau au plus technique et plus intense, comme du surf ou de la navigation à la voile, en passant par du paddle, du canoë, de la plongée sous-marine et de la nage. Tout dépend des enjeux de l’entreprise. Ces séjours intégreront également des ateliers de sensibilisation autour des enjeux liés à l’eau (protection des espaces naturels, gestion des ressources…).
L’eau et le bien-être au travail sont les deux piliers de Bliss’in… Peux-tu nous expliquer le lien entre les deux ?
J’avais cette envie de parler des océans mais aussi de l’eau en règle générale. Pendant mes études, un cours de géopolitique m’a particulièrement marqué, sur les guerres actuelles et les conflits internationaux : derrière chaque conflit ou presque se cache un enjeu d’accès aux ressources naturelles d’eau. Le projet est également né grâce à cette lutte pour préserver les ressources et les océans. Plus personnellement, le moment où je me sens le mieux, la plus connectée, où je ressens de la pure joie (bliss) c’est lorsque je suis dans l’eau, dans la mer, dans l’océan, dans les vagues. Dans mes valeurs fortes, la liberté c’était vraiment ma priorité. En parallèle, la thématique du travail me tient à cœur. Avec le covid, le monde du travail est véritablement en train de changer, et cette thématique me passionne.
Il y a aussi des centaines d’études internationales qui prouvent les bienfaits de l’eau sur la santé physique mais aussi sur la santé mentale, émotionnelle et spirituelle. Il est prouvé que vivre ou travailler près d’espaces bleus (mer, océan, rivière, lac, cascade) agit sur le métabolisme et sont bénéfiques sur la santé globale. L’idée c’est d’aider les travailleurs à mieux gérer leur stress, stimuler leur créativité et réinventer la notion de productivité et aussi développer leur impact. Développer leur impact c’est à la fois pour eux (santé, humeur), pour l’entreprise (créativité) et pour la planète. Le fait de les immerger au sens propre comme au sens figuré dans ces espaces bleus, permet de développer leur empathie avec l’environnement et par conséquent être protecteurs et ainsi renforcer ce lien avec le vivant pour développer un « état d’esprit marin ». Être plus agile et plus à même de naviguer dans ce monde. C’est en réunissant tous ces points, que j’apporte aujourd’hui ma pierre à l’édifice en offrant du mieux-être dans le travail tout en ayant un impact pour la planète.
A qui s’adresse ton offre ? Quels types d’entreprises ?
Comme il s’agit d’expérience premium, je cible des entreprises qui sont déjà dans une démarche de flexibilité au travail. Donc ça peut aller des PME aux grands groupes avec des enjeux autour de la responsabilité sociale, environnementale, de l’innovation et du « future of work ». Il s’agit principalement d’entreprises de la Tech qui innovent au service de l’humain et/ou de modèles d’économies plus durables. Je m’adresse également aux grands groupes, avec un engagement fort dans la transition sur des sujets sociétaux et environnementaux. Idéalement des entreprises certifiées Bcorp.
Le chemin a été long pour arriver jusqu’ici ? Raconte-nous ta rencontre avec Earthship Sisters ?
Malgré le fait que mon métier était un métier passion, j’ai profité d’un plan de sauvegarde de l’emploi initié après la fusion de la société dans laquelle je travaillais pour partir. J’y ai vu l’opportunité de me lancer dans l’aventure entrepreneuriale. J’avais cette idée de créer un lieu hybride, avec du coliving, du coworking et avec un café cantine, pour créer la rencontre de différents publics autour d’un sujet qui me tenait à cœur, la mer. C’est comme ça que j’ai postulé pour intégrer Earthship Sisters. J’étais très intéressée par l’aspect navigation. Je trouvais ça absolument génial de pouvoir monter en compétences dans ce domaine.
J’ai donc été sélectionnée avec cette idée originale de lieu de vie. Puis dans le long cheminement entrepreneurial et grâce aux premières sessions Earthship Sisters, je me suis rendu compte que ce projet de lieu ne correspondait plus forcément à mes envies actuelles, mon ambition, mon style de vie. Grâce à Earthship Sisters, qui met à disposition des outils, des modèles de réflexion qui permet aux Sisters de prendre le recul nécessaire, grâce également à l’ouvrage de Matthieu Dardaillon – Ticket for change, activez vos talents – j’ai commencé à réaliser qu’il y avait un truc qui ne collait pas entre mon projet et ce que j’avais au plus profond de moi. Puis la navigation du mois de Juin a confirmé toutes ces pensées. Cette connexion avec la mer c’était incroyable, on sait que l’eau permet plein de choses ! J’ai donc pivoté plusieurs fois, pour arriver à la création de ma société que j’ai créé mi-décembre 2022. Work your flow ou la marque commerciale Bliss’in.
Où es-tu rendue dans le développement de Bliss’in au sein de l’incubateur Earthship Sisters ?
Il y a un pilote qui se fait fin Avril, à Messanges, côte atlantique. Exceptionnellement la cible ne sera pas BtoB car il s’agit d’un groupe d’entrepreneur·es indépendant·es. Il reste 3 places sur 8 au total. L’idée c’est de tester pleins de choses et de créer du contenu. J’aimerais ensuite faire un autre pilote en méditerranée en mai ou juin, donc je suis à la recherche d’un lieu et j’ai déjà ma petite idée sur l’entreprise que je voudrais cibler. L’idéal serait de faire 15 séjours en 2023, puis de multiplier par deux en 2024 et arriver à environ 50 séjours en année 3. Puis l’idée après c’est de ne plus être toute seule pour le développement de ce projet. L’enjeu principal c’est de trouver des lieux et des partenaires.
Mes valeurs et donc celles que je mets derrière Bliss’in sont : joie, engagement et collaboration. Pour moi Bliss’in ne peut réussir qu’avec la collaboration de partenaires de confiance qui partagent mes valeurs. Ce n’est pas moi qui vais animer ces séjours donc l’idée c’est de trouver des partenaires locaux, qui vont animer les différentes expériences, pour avoir un faible impact de déplacement. Travailler avec des partenaires locaux c’est vraiment très important. Que ce soit des facilitateurs en intelligence collective, ou des profs de yoga méditation, des entreprises du nautisme, des chefs à domicile etc… L’objectif est de développer un réseau et d’offrir un lieu avec une palette d’expériences locales.
Pour conclure, quel est ton moment le plus fort lors de cette année d’accompagnement ?
Je retiens d’abord le collectif des Sisters. Et puis évidemment la navigation. Celle du mois de juin a été incroyable avec une équipe de femmes skippers merveilleuses – Flavia, Emmanuelle et Cécile. C’était une première pour moi en étant impliquée dans la navigation, et cette expérience a été une révélation. C’est devenu une évidence que de proposer la navigation à la voile dans les séjours Bliss’in. Même quand on ne sait pas naviguer, c’est d’une puissance incroyable. Je recommande !
(*source : people at work 2022 – étude workforce view ADP Research Institute / State of the global workplace, Gallup, 2022 / Ibetscore : indice de bien-être au travail (édition 2022) © D.R)
Propos recueillis par Alice Bernaud
Pour en savoir plus
Sur le programme des Sisters – ici
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Sur la promo 3 – ici
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