Depuis quelques semaines Sarah Mantah est marraine du mouvement Earthship Sisters*. Cette femme engagée dans l’égalité femmes-hommes a plusieurs casquettes qui lui permettent d’avoir un impact puissant sur cette thématique. Cette expérience, elle l’a acquise grâce à son engagement auprès d’un grand nombre d’ONG/d’associations et également grâce à ses précédentes fonctions, pour le Secrétariat d’État des Droits aux Femmes; et continue aujourd’hui de la mettre à profit en “intégrant le genre” dans les projets dont elle a la charge en tant que spécialiste des politiques publiques pour l’Etat et le système onusien ou la société civile
Présentation d’une des marraines d’Earthship Sisters…
Pour commencer et rentrer directement dans le vif du sujet, as-tu des chiffres à nous communiquer sur l’égalité Femme/Homme dans notre société ?
Bien sûr, c’est important de parler des chiffres pour sortir de ce qu’on appelle « l’illusion de l’égalité ». « L’illusion de l’égalité » c’est penser, parce qu’on voit des pères dans la rue à la sortie des maternelles ou qu’on voit des femmes cheffes d’entreprise à la télévision, qu’on a énormément progressé sur le sujet de l’égalité Femme/Homme. En réalité, voici quelques chiffres issus de différentes sphères qu’il faut retenir et qui sont le moteur de mon engagement : 10% des garçons de CM2 occupent 80% de l’espace des cours de récré / seules 3 femmes siègent actuellement à la tête des 40 entreprises du CAC 40 (Orange, Engie, Veolia) / 28% des femmes travaillent à temps partiel (7,6 % des hommes) / les écarts de rémunération entre femmes et hommes sont d’environ 25 % tous critères confondus / 42% de différence entre les retraites d’hommes et celles des femmes… Et d’autres chiffres illustrant ces inégalités sont encore nombreux.
Parle nous de ton engagement pour l’égalité Femme/Homme ?
Pendant plus d’une dizaine d’années j’ai été, pour le Secrétariat d’État aux droits des femmes en France, chargée de cette politique publique en tant que “déléguée aux droits des femmes et à l’égalité”. Une fonction passionnante car on pilote la déclinaison, en région, de la politique portée par le gouvernement en transversal. Dans tous les champs de la société dont l’État français s’occupe, car les femmes sont partout et partout les inégalités opèrent : agriculture, justice, santé, ordre et sécurité, monde associatif, sport, politique, collectivités locales, formation professionnelle, secteur privé, etc.
Je suis également investie auprès de plusieurs ONGs et associations : Genre en action, BPW France avec sa journée phare l’Equal Pay Day., Project Soar, Adequations, CLEF (coordination européenne pour le lobby des femmes) et FAM. J’interviens également toute l’année et en continu auprès des entreprises ou institutions sur les différentes problématiques qu’occupent les questions de genre (égalité professionnelle, mixité, sexisme au travail, violences domestiques, genre et climat), pour apporter un regard d’experte, animer des conférences, ou analyser une situation.
Enfin, je contribue aux débats et aux négociations dans le cadre de la CSW (Commission on the Status of Women) qui est l’instance des Nations Unies qui réunit chaque année, tous les États membres pour négocier une résolution en faveur des droits des femmes. Enfin cette année, j’ai rejoint l’association Earthship Sisters qui complète mon engagement féministe en alliant cette problématique à celle du dérèglement climatique.
Lors du dernier week-end de formation des Sisters (à Rencurel), tu as présenté un jeu de cartes Planète genre. Peux-tu nous parler de ce jeu ?
C’est un outil qui trottait depuis un moment dans ma tête car ayant moi-même levé beaucoup de stéréotypes de genre sur la question de l’impact différencié de la crise climatique sur les femmes et les hommes, je me demandais comment vulgariser ces idées. Et puis un groupe de travail a permis de faire naître ce projet (avec le GERES, CARE, le GRET, FRANCE VOLONTAIRES, BPW FRANCE et PROJECT SOAR, F3E). L’idée à retenir avec ce jeu de 7 familles c’est que la contribution des femmes au dérèglement climatique est moindre mais l’impact de celui-ci sur elles est plus fort. C’est le concept de “contribution et impact différencié”. En effet, les femmes à travers le monde, parce qu’elles sont déjà confrontées à des inégalités et difficultés loin d’être en recul, subissent les effets du réchauffement climatique de manière beaucoup plus violente que le reste de la population. On espère pouvoir produire un nouveau tirage du jeu (qui a toujours été distribué gratuitement) en anglais et peut-être avec certaines familles nouvelles !
Et enfin, qu’est-ce qui t’as motivé à t’engager auprès du mouvement Earthship Sisters ?
En tant que déléguée aux droits des femmes pour l’État, j’avais beaucoup travaillé sur la question du manque d’accès des femmes aux dispositifs de l’entrepreneuriat féminin. C’est un sujet qui me tient à cœur. France Active propose des outils spécifiques mais les chiffres montrent qu’elles montent moins de projets entrepreneuriaux. Ce n’est pas par manque de créativité ni de professionnalisme, mais par l’effet des stéréotypes pro (la relation avec l’institution bancaire, avec les clients) et perso (articulation des temps difficile et souvent mauvaise conseillère des femmes lorsqu’elles pensent créer leur entreprise pour avoir plus de temps à consacrer à leur famille). On sait que la non mixité des filières et des métiers est l’un des terreaux des inégalités. Pour ces raison que j’ai hâte de continuer l’aventure avec les candidates de la prochaine promo et partir en mer avec elles et je suis ravie de promouvoir cet incubateur et ce vent de générosité et de passion alliant droits des femmes et impact positif sur le climat, avec Earthship Sisters toute cette année!
* Sarah Mantah, Virginie Delalande et Raphael Masvigner sont les marraines/parrains du mouvement Earthship Sisters
Propos recueillis par Alice Bernaud
Pour en savoir plus
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Si vous souhaitez vous jetez à l’eau – ici
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