Fin avril 2022, un projet très original de formation apicole en milieu carcéral a vu le jour au Centre Pénitentiaire Paris-la-Santé. C’est Lorène Mouchet, Sister de la promo 2, qui est à la tête de cette initiative, elle-même portée par sa structure Happyculteur. Lorène fait la démonstration des retombées sociales de l’éco-entrepreneuriat et illustre parfaitement la notion de leadership au service de l’environnement. Elle nous explique sa démarche…
🐝🏵️ Lorène Mouchet, Sister de la promo 2, présente son parcours : “Je me suis intéressée à l’univers carcéral pendant mes études de droit à Paris. J’ai ensuite réalisé un Master de Droit environnemental en Finlande avant de me spécialiser en environnement. Après un premier emploi dans une association d’éducation à l’environnement à Paris, j’ai intégré le programme des Sisters. A la suite de cette expérience, je me suis formée à l’apiculture dans le sud de la France et je rejoins l’association Happyculteur“. Lorène devient alors apicultrice et chargée de développement pédagogique et partenarial chez Happyculteur*. Elle imagine une formation d’une durée de six mois, soit la durée de la saison apicole, pour 8 personnes détenues. “La formation en leadership environnemental d’Earthship Sisters m’a beaucoup apporté pour monter cette formation à l’apiculture douce en prison. J’ai à la fois été accompagnée pour trouver et me former dans mon domaine de prédilection, concevoir la formation, trouver les bons contacts, etc. Appartenir à un groupe de femmes entrepreneuses permet aussi de bénéficier d’un réseau d’entraide puissant. “ 💥🌍
Un programme intense qui favorise la réinsertion et la lutte contre la récidive
A chaque séance de cette formation atypique, les participants suivent une première partie théorique suivie d’ateliers créatifs puis de cours pratiques sur les ruches. Le but est de leur apprendre les fondamentaux théoriques indispensables pour s’occuper des ruches et de leur faire découvrir les grandes étapes auxquelles sont confrontés les apiculteur·rices durant l’entièreté d’une saison apicole. Les participants voient, entre autres, l’étude de l’anatomie de l’abeille, la création d’étiquettes, la découverte des plantes et récolteront leur propre miel. “A leur sortie de détention, une place dans l’école d’apiculture raisonnée de l’association est réservée pour chaque détenu ayant suivi la formation.”

L’objectif de cette formation est de lutter contre la récidive et de favoriser la réinsertion des participants, en proposant une pratique thérapeutique de l’apiculture. En veillant au bien-être des abeilles, les personnes détenues acquièrent des responsabilités et apprennent à gérer leurs émotions, leur impulsivité et leur agressivité à leur contact. Cette reconnexion au vivant et au rythme des saisons leur permet également de retrouver une motivation et une confiance en leurs capacités. “Avec notre expérience de formation à la préservation des pollinisateurs et à la pratique de l’apiculture douce (près de 30 personnes chaque année), nous nous doutions de l’impact potentiel de cette formation. Le succès de cette formation en détention, nous donne envie de dupliquer notre formation apicole dans d’autres établissements pénitentiaires en France.” conclut Lorène. 🌱
* Happyculteur est un mouvement qui accompagne les citoyens à s’engager à leur échelle pour la protection de l’abeille, comme celle de la biodiversité en prônant une apiculture accessible et raisonnée. L’association créée en 2017 forme à une apiculture douce à travers son école d’apiculture ; sensibilise à l’importance de la protection de la biodiversité et des insectes pollinisateurs en donnant des moyens d’actions concrets ; et contribue à rétablir l’équilibre entre les espaces naturels et les espaces urbains en ville en développant des activités de végétalisation.
En savoir plus :

DERNIERS ARTICLES

Justine Vanhalst (Sister promo 3) « Data centers : la question est de savoir comment on les pense comme une ressource plutôt qu’une nuisance. »
Notre consommation engendre une dépense d’énergie ayant un impact important sur le dérèglement climatique. L’économie circulaire permet d’optimiser les ressources nécessaires à la production sans pour autant piller les sols et priver la terre de ses ressources naturelles. Avec son projet Hringvarmi, Justine Vanhalst, Sister de la promo 3, souhaite réutiliser l’excès de chaleur des data centers islandais pour offrir aux agriculteur·rices un lieu pour cultiver. Elle nous parle du concept d’économie circulaire, de l’autonomie alimentaire de l’Islande et de son aventure entrepreneuriale.

“Ecoute ta mer”… l’enquête continue !
Pour la troisième année consécutive, l’association Earthship Sisters a mis au point une enquête de perception de la Méditerranée afin d’analyser les connaissances qu’ont les citoyen·nes de la mer et des enjeux liés à sa protection, d’identifier les biais cognitifs pouvant limiter le passage à l’action et proposer des solutions. Une nécessité au regard des discours scientifiques de plus en plus pressants.